Quelles sont les raisons de la peur du chien

Le propriétaire, parce qu’il le connait bien, verra toujours différemment son chien, ce dernier lui obéissant. Le propriétaire ne peut comprendre qu’un étranger perçoive son chien avec inquiétude. On pourrait croire que le propriétaire minimalise la (relative) dangerosité de son chien, mais il n’en est rien, sa maîtrise sur lui est différente.

Un chien a des affinités que son maître connait pour l’avoir éduqué. Par la-même on peut supposer que si le maître laisse faire c’est un pis-aller dans l’éducation de son chien. Le chien peut considérer un étranger soit comme un intrus soit comme un (son) agresseur, sans pour autant que le chien soit menacé ou que l’on empiète sur son territoire. Que penser de l’agressivité d’un chien qui aboie fort et se montre vindicatif en n’attaquant pas. Il est parfois dit que le chien aboie pour faire fuir l’objet de sa crainte, l’humain si c’est le cas. Tout le monde peut avoir en mémoire des chiens qui aboient ou hurlent à la nuit, cherche-t-on à savoir si le chien manifeste ainsi son angoisse et sa peur, certainement pas.

La peur canine non maîtrisée ou prévisible peut vite laisser place à de l’agressivité comme « moyen de défense » si le chien se sent en péril. L’attaque sera autant plus forte que la peur dont elle est la cause.

On peut aussi envisager qu’un chien peureux puisse être un danger pour lui-même, pour les autres animaux et aussi les humains.  Il n’y aurait pas de moment prévisible ou l’on saura quand le chien aura perdu son contrôle et passera en mode d’attaque. Un bruit, une présence étrangère perceptible, sans pour autant être sur « son territoire » peut déclencher comme un réflexe de survie par l’affrontement. Cela est-il un réflexe de survie de l’espèce depuis les origines, on peut le supposer.

Cette agressivité que l’on pourrait croire naturelle, basée sur un mode de défense ne doit pas être encouragée par le maître. Si ce dernier croit disposer d’un chien de défense avec seulement ce comportement face au problème, l’erreur est ancrée chez lui. Le chien qui voit une intrusion sur son territoire peut aussi la prendre comme une agression et attaquer ou aboyer face à ce qu’il juge un intrus.

La question se pose alors de savoir pour quel type de chien, et à quel moment l’appel à un comportementaliste est souhaitable, sinon obligé.

Notion de territoire

Les enfants, plus ou moins suivant leur âge n’ont pas d’idée de la notion de territoire, ils évoluent simplement dans un monde, leur monde. Le chien, comme déjà exprimé « revendique » un territoire qu’il estime devoir défendre contre une approche étrangère, sans avoir conscience que sa réaction est antisociale.

La notion de territoire chez le chien s’étend sur l’espace qu’il pratique déjà, jalonné de ses repères visuels, sonores ou olfactifs. Il faut ajouter la période de la journée pour les chiens de garde. Un chien de veilleur de nuit sera en alerte en période nocturne, un chien gardant une concession automobile sera impassible en journée malgré le passage de visiteurs, mais il sera en alerte le soir, dès l’espace fermé et livré à sa garde. Un chien peureux peut être gardien par destination (forcée) et sera plus agité qu’un chien ayant eu un autre vécu. La notion de territoire se complète dans ces cas d’une mise en alerte programmée et habituelle, le moment de son travail. Le chien tient difficilement compte de la notion de distance lorsqu’il est en alerte, ses sens sont alertés à une présence qu’il perçoit intrusive ou agressive. Dès que le chien entend, son attention se fixe avant même d’avoir vu, c’est la preuve même de l’absence de sa notion d’espace, de territoire. 

L’éducation du jeune chien, d’abord par sa mère, puis par son maitre façonne une suite d’acquis ou chaque période est importante. Un chien sevré trop tôt ou élevé dans un milieu inadéquat risquerait de ne pas avoir de repères sur lesquels s’appuyer. Ayant par la faute de l’humain été sevré trop tôt, sa mère n’aura pas eu le temps de lui apprendre les règles instinctives propres à l’animal. Adopté trop tôt, son maître peut selon le cas s’être substitué à la mère tout en devenant dominateur. Le chien risque avoir une terreur des rappels du maître qui aura aussi voulu prendre le rôle de sa mère dans la période impartie de l’âge chiot.

Le chien de garde sera celui que l’on n’approche pas pour le toucher, qui ne se sent pas en péril dès qu’il entend du bruit ou voit un étranger dans son périmètre sonore et visuel. Son maître et plus largement ceux qui partagent le foyer familial devraient pourvoir s’en approcher, même toucher ses ustensiles familiers (gamelle, etc.) sans l’entendre gronder ou davantage.

L’homme a largement dénaturé le chien pour son usage personnel, c’est pour cela que l’éducation du chien doit suivre un cheminement. Le chien peut alors se construire, se situer dans l’espace social humain ou est assignée sa fonction de gardien. Les territoires pratiqués par les humains ne devraient pas être ceux du chien auxquels des limites doivent être fixées. Le chien ne doit pas sentir qu’il fait partie d’une « meute » avec la famille qui le possède.

C.L.

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